Le handicap mental et les troubles psychiques : comprendre, identifier et accompagner
Qu'est-ce que le handicap mental ?
Le handicap mental est une
condition qui affecte le développement intellectuel et les capacités cognitives
d'un individu. Il se manifeste par des limitations significatives dans
l’apprentissage, la communication et l’adaptation sociale. Contrairement aux
troubles psychiatriques qui peuvent survenir à tout moment de la vie, le
handicap mental est généralement présent dès la naissance ou se développe dans
les premières années de vie.
Selon l'Organisation
Mondiale de la Santé (OMS), le handicap est défini comme un désavantage
résultant d'une déficience qui limite ou empêche l'individu d’accomplir des
tâches et de participer pleinement à la vie sociale. Ce désavantage peut être
temporaire ou permanent et ne signifie pas forcément que la personne est
malade.
Les trois dimensions du
handicap
Le handicap mental peut être
analysé sous trois dimensions principales :
La déficience : Il s’agit d’une
altération ou d’une perte d’une fonction cognitive, psychologique ou physique.
Cette déficience peut être d’origine génétique, neurologique ou acquise à la
suite d’un accident ou d’une maladie.
L’incapacité : Elle fait référence aux
limitations qui affectent la capacité d'une personne à réaliser des activités
quotidiennes. Cela peut inclure des difficultés d’apprentissage, des troubles
du langage, des problèmes de mémoire ou un manque d’autonomie dans la gestion
des tâches de la vie courante.
Le désavantage : C’est la conséquence
sociale de la déficience et de l’incapacité. Une personne en situation de
handicap mental peut rencontrer des difficultés d’intégration scolaire,
professionnelle et sociale, ce qui impacte directement sa qualité de vie.
Les causes du handicap mental
Le handicap mental peut
avoir plusieurs causes, qui peuvent être classées en différentes catégories :
1. Facteurs génétiques
Trisomie 21 et autres anomalies chromosomiques.
Syndromes génétiques rares (X fragile, syndrome de Rett,
etc.).
2. Facteurs périnataux
Souffrance néonatale sévère (hypoxie, prématurité
extrême).
Malformations cérébrales congénitales.
Exposition à des substances toxiques durant la grossesse
(alcool, drogues, médicaments).
3. Maladies neurologiques et
métaboliques
Maladies dégénératives du système nerveux central.
Encéphalopathies progressives et troubles métaboliques.
Méningites, encéphalites et infections sévères du
cerveau.
4. Traumatisme et accidents
Traumatismes crâniens sévères.
Accidents vasculaires cérébraux précoces.
Dans 30 à 50 % des cas, l’origine du handicap mental
reste inconnue.
Manifestations et Troubles Associés
Les personnes atteintes
d’une déficience intellectuelle présentent souvent des retards dans plusieurs
domaines du développement :
Retard du langage : Difficulté à s’exprimer
et à comprendre les consignes.
Retard psychomoteur : Difficulté à marcher, à
manipuler des objets ou à coordonner les mouvements.
Difficultés d’apprentissage : Besoin d’un
accompagnement spécialisé pour acquérir des connaissances.
Troubles du comportement : Agitation,
apathie, opposition, agressivité.
Troubles émotionnels : Anxiété,
hypersensibilité, difficultés à gérer les émotions.
Certaines manifestations peuvent
évoquer des troubles psychiatriques, notamment des comportements proches de
l’autisme ou de la psychose.
Handicap mental et troubles psychiques :
différenciation et surveillance
Il est essentiel de
distinguer le handicap mental des troubles psychiatriques. Une personne
atteinte de déficience intellectuelle peut présenter des symptômes apparentés à
des troubles psychotiques, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’elle
souffre d’une maladie psychiatrique.
Trois comportements
pseudo-psychotiques sont fréquemment observés chez les personnes avec un retard
mental :
Le monologue : La personne parle à voix
haute, s’adresse à un interlocuteur imaginaire ou exprime tout haut ses
pensées.
La fantaisie : Une imagination
débordante qui se nourrit de personnages fictifs et d’univers imaginaires,
souvent inspirés de la télévision.
L’ami imaginaire : Présent chez de nombreux
enfants, mais qui peut persister chez certaines personnes ayant une déficience
intellectuelle.
Pour établir un diagnostic
fiable, il est crucial d’observer l’évolution des comportements dans le temps
et d’analyser leur impact sur le bien-être et l’autonomie de la personne.
Prise en charge et amélioration de la qualité
de vie
L’accompagnement des
personnes en situation de handicap mental repose sur plusieurs axes :
1. Evaluation et soutien
personnalisé
Une évaluation des capacités
et des besoins permet d’adapter l’accompagnement. Il est essentiel d’analyser :
Les compétences cognitives (mémoire, raisonnement,
langage).
Les capacités motrices et l’autonomie.
Les aptitudes sociales et relationnelles.
Les besoins spécifiques en matière d’apprentissage et
d’insertion professionnelle.
2. Accompagnement éducatif
et thérapeutique
Mise en place de programmes éducatifs adaptés.
Thérapies cognitives et comportementales pour améliorer
les interactions sociales.
Soutien psychologique et accompagnement familial.
3. Inclusion sociale et
professionnelle
Développement des compétences pour favoriser l'autonomie.
Intégration dans des structures adaptées (ESAT, ateliers
protégés, entreprises inclusives).
Participation à des activités culturelles et sportives
pour renforcer l’estime de soi et le bien-être.
4. Qualité de vie et
prévention de l’exclusion
L’objectif principal est
d’assurer une meilleure qualité de vie aux personnes concernées en mettant en
place des solutions adaptées qui favorisent leur inclusion dans la société.
Cela passe par un accompagnement individualisé, un environnement bienveillant
et une reconnaissance des compétences et des potentialités de chacun.
Le handicap mental ne doit
pas être un frein à l’épanouissement personnel et social. Grâce à une prise en
charge adaptée, il est possible d’améliorer considérablement l’autonomie et le
bien-être des personnes en situation de déficience intellectuelle.
Pour en
savoir plus…
Auteur : Dr Nicole
Foucaud, Psychiatre