La Surdité : Comprendre, Prévenir et Favoriser
l'Inclusion
La surdité est un
handicap sensoriel qui touche des millions de personnes dans le monde.
Contrairement aux autres types de handicap, elle est souvent invisible et
incomprise, ce qui peut mener à l'isolement social et à des difficultés dans la
communication quotidienne. La surdité englobe un large spectre de pertes
auditives allant de la légère difficulté auditive à la surdité totale. Elle
peut être présente dès la naissance, survenir après un accident ou se
développer progressivement avec l'âge. Comprendre la surdité et les besoins des
personnes sourdes est essentiel pour favoriser une société inclusive, où chacun
peut communiquer et participer pleinement.
1. Définition de la surdité et types de pertes
auditives
La surdité est
définie comme une diminution de l'acuité auditive, qui peut varier de légère à
profonde, en fonction de la capacité de la personne à percevoir les sons. La
perte auditive se mesure en décibels (dB), et la surdité est classée en
plusieurs catégories :
- Légère (21 à 40 dB) : difficulté à
entendre les sons faibles ou éloignés.
- Modérée (41 à 70 dB) : difficulté à
suivre les conversations, en particulier dans un environnement bruyant.
- Sévère (71 à 90 dB) : les sons forts
sont audibles, mais la communication verbale sans aide est très difficile.
- Profonde (supérieure à 90 dB) : aucune
perception des sons, la communication verbale est impossible sans aide.
Les causes de la
surdité sont diverses et comprennent des facteurs génétiques, des infections,
des traumatismes, et l'exposition prolongée à des bruits forts.
Types de surdité
La surdité se
divise en trois types principaux, selon la localisation du problème dans
l'oreille.
1. Surdité de transmission : elle résulte
d'un problème dans l'oreille externe ou moyenne, empêchant le son d'atteindre
correctement l'oreille interne. Ce type de surdité peut être causé par des
infections de l'oreille, une perforation du tympan, ou des otites. Elle est
souvent temporaire et peut être traitée médicalement ou chirurgicalement.
2. Surdité de perception : elle est due à
une altération de l'oreille interne, du nerf auditif ou des voies neuronales du
cerveau. Les causes incluent le vieillissement, les maladies génétiques, et
l'exposition au bruit. Ce type de surdité est en général irréversible, et la
personne peut bénéficier d'appareils auditifs ou d'implants cochléaires.
3. Surdité mixte : c'est une combinaison
de surdité de transmission et de perception. Elle peut être traitée
partiellement en fonction de la nature et de la gravité des deux types de
pertes auditives.
2. Surdité de naissance ou acquise : des parcours
différents
Les personnes
peuvent être sourdes dès la naissance (surdité congénitale) ou le devenir plus
tard dans la vie (surdité acquise). La surdité congénitale est souvent causée
par des facteurs génétiques ou des complications pendant la grossesse ou
l'accouchement. La surdité acquise peut résulter de divers facteurs, notamment
les infections, les traumatismes crâniens, ou l'exposition prolongée au bruit.
Pour une personne
née sourde, l'acquisition du langage et la communication se font de manière
visuelle, souvent grâce à la langue des signes. Par contre, une personne ayant
perdu l'audition plus tard dans la vie doit s'adapter à une nouvelle manière de
percevoir le monde et de communiquer. Cette adaptation est souvent difficile et
nécessite un soutien psychologique et des aides à la communication.
3. La langue des signes : un langage à part
entière
La langue des
signes est une langue visuelle, avec sa propre grammaire, son vocabulaire et sa
structure. Elle n’est pas universelle : chaque pays, voire chaque région, a sa
propre langue des signes. Par exemple, la Langue des Signes Française (LSF) est
différente de l'American Sign Language (ASL) ou de la British Sign Language
(BSL).
La langue des
signes est essentielle pour de nombreuses personnes sourdes, car elle permet
une communication fluide et complète. Elle est particulièrement importante pour
les enfants sourds, car elle leur offre un moyen de développer pleinement leur
langage et leur pensée. Cependant, dans certains pays, l'enseignement de la
langue des signes n’est pas systématique, ce qui peut entraver le développement
linguistique et cognitif des enfants sourds.
Les parents entendant
d'enfants sourds doivent souvent faire des efforts supplémentaires pour
apprendre la langue des signes afin de communiquer avec leur enfant.
Malheureusement, beaucoup de familles ne disposent pas des ressources ou du
soutien nécessaire pour le faire, ce qui peut engendrer des barrières de
communication au sein même de la famille.
4. Les aides auditives et implants cochléaires
Les personnes
sourdes peuvent bénéficier de différentes aides auditives en fonction de la
nature et du degré de leur surdité. Les appareils auditifs et les implants
cochléaires sont les deux dispositifs les plus courants.
a. Appareils
auditifs
Les appareils
auditifs amplifient les sons et permettent aux personnes ayant une surdité légère
à modérée de mieux entendre. Ils sont généralement portés derrière l'oreille et
sont réglés en fonction des besoins individuels. Bien que les appareils
auditifs puissent améliorer l'audition, ils ne rétablissent pas une audition
parfaite et peuvent ne pas être efficaces pour les personnes souffrant d'une
surdité profonde.
b. Implants
cochléaires
Les implants
cochléaires sont utilisés pour les personnes atteintes de surdité sévère à
profonde. Contrairement aux appareils auditifs qui amplifient les sons, les
implants cochléaires contournent l'oreille interne endommagée et stimulent
directement le nerf auditif. La chirurgie pour l'implantation cochléaire est
complexe, et les candidats doivent suivre une évaluation approfondie pour
déterminer leur éligibilité.
Bien que l’implant
cochléaire ait permis à de nombreuses personnes de retrouver une certaine
capacité auditive, il suscite parfois des controverses au sein de la communauté
sourde, car certains considèrent qu'il impose une norme auditive et néglige la
culture sourde.
5. La surdité et la culture sourde
La surdité n'est
pas seulement une déficience sensorielle ; elle est également le fondement
d'une culture et d'une identité distinctes. La "culture sourde"
valorise la langue des signes, les récits visuels, et une manière unique de
percevoir le monde. Les personnes sourdes peuvent développer des liens sociaux
et culturels forts au sein de la communauté sourde, où elles partagent des
expériences et des défis communs.
La culture sourde a
ses propres valeurs, traditions et même son humour, qui sont souvent basés sur
la langue des signes et l'expérience de la surdité. De nombreuses personnes
sourdes revendiquent leur identité sourde et ne considèrent pas la surdité
comme un handicap, mais comme une différence. Elles sont fières de leur langue
et de leur culture, et estiment qu'elles ne devraient pas être réparée
ou normalisée.
6. L'éducation des enfants sourds
L'éducation des
enfants sourds est un enjeu majeur. Deux approches principales sont souvent
utilisées :
- Approche oraliste : elle se concentre
sur l'apprentissage de la lecture labiale et de la parole, parfois avec l'aide
d'appareils auditifs ou d'implants cochléaires. L'objectif est que l'enfant
puisse s'intégrer dans un environnement entendu.
- Approche bilingue : elle combine la
langue des signes et la langue orale. Cette approche permet aux enfants de
développer leur langage naturel (la langue des signes) tout en apprenant la
langue de la majorité. Elle est souvent perçue comme plus inclusive, car elle
respecte la culture sourde et favorise le développement linguistique.
Malheureusement, de
nombreux systèmes éducatifs ne proposent pas suffisamment de soutien pour les
enfants sourds, qui peuvent se retrouver isolés ou en difficulté dans les
écoles ordinaires. Le manque d'enseignants formés en langue des signes, les
barrières de communication avec les camarades entendant, et le manque de
matériel pédagogique adapté sont autant de défis pour ces élèves.
7. Surdité et vie professionnelle
L'insertion
professionnelle des personnes sourdes représente un autre défi important. Les
préjugés et le manque de connaissances sur la surdité sont encore répandus dans
le monde du travail, et de nombreuses personnes sourdes se heurtent à des
obstacles lors de la recherche d'un emploi.
Les employeurs
hésitent parfois à embaucher des personnes sourdes par crainte de ne pas
pouvoir répondre à leurs besoins de communication. Pourtant, avec des
adaptations simples, comme l'utilisation d'interprètes en langue des signes ou
de technologies de transcription, la majorité des emplois sont accessibles aux
personnes sourdes. Les personnes sourdes sont tout aussi compétentes et
capables que leurs homologues entendant, mais elles ont besoin d'un environnement
de travail inclusif et accessible.
8. Technologies et innovations pour les personnes
sourdes
Les technologies
modernes ont ouvert de nouvelles possibilités pour les personnes sourdes,
notamment en matière de communication et d'accessibilité.
- Sous-titrage : de plus en plus de
contenus télévisuels, de vidéos en ligne et d'événements en direct sont
sous-titrés, permettant aux personnes sourdes de suivre et de participer.
- Applications de transcription en temps réel
: certaines applications transcrivent automatiquement la parole en texte,
offrant une aide précieuse dans les situations quotidiennes.
- Vidéo à distance et interprètes en ligne
: ces services permettent aux personnes sourdes de communiquer avec des
personnes écoutantes, même si un interprète en langue des signes n'est pas
physiquement présent.
9. Vers une société inclusive
La sensibilisation
à la surdité et aux réalités des personnes sourdes est un point de départ pour
favoriser une société inclusive. Pour y parvenir, plusieurs initiatives peuvent
être envisagées :
- Éducation publique et campagnes de
sensibilisation : Organiser des campagnes sur les réseaux sociaux, dans les
écoles et les entreprises, pour informer sur la surdité et promouvoir
l’apprentissage de la langue des signes. De telles initiatives aident à
normaliser la langue des signes et à mieux comprendre les besoins des personnes
sourdes, créant ainsi un environnement plus accueillant.
- L’intégration de la langue des signes dans
les écoles : Enseigner la langue des signes dès le jeune âge permet non
seulement aux enfants sourds de mieux s'intégrer, mais également à leurs
camarades entendant d'apprendre à communiquer avec eux. Les écoles bilingues,
qui proposent un enseignement en langue orale et en langue des signes, offrent
une excellente option pour favoriser l’inclusion.
- Accès aux services essentiels : Garantir
que les services publics, comme les hôpitaux, les tribunaux, et les
établissements de santé, soient accessibles aux personnes sourdes. Cela inclut
la présence d’interprètes en langue des signes et l’utilisation de technologies
de transcription dans les lieux publics.
- Encourager les employeurs à créer des
environnements de travail inclusifs : Dans le monde professionnel, les
employeurs peuvent recevoir des formations pour mieux comprendre la surdité et
mettre en place des ajustements simples pour les employés sourds. Offrir des
interprètes en langue des signes pour les réunions, des vidéos sous-titrées et
des applications de transcription est essentiel pour garantir que chacun ait
les mêmes chances de succès.
En rendant ces
efforts visibles et constants, la société peut évoluer vers une vision plus
humaine et respectueuse de la surdité. Cela renforce le sentiment
d'appartenance pour les personnes sourdes et leur permet de contribuer
pleinement et activement dans tous les aspects de la vie sociale, culturelle et
économique.
Conclusion
La surdité, bien
que souvent invisible, a un impact profond sur la vie des personnes concernées
et sur leur rapport au monde. Ce handicap sensoriel demande une prise en charge
adaptée, une éducation inclusive et une sensibilisation accrue du public pour
en comprendre les réalités. Si la surdité peut poser des défis de communication
et d'intégration, elle est également l'expression d'une culture et d'une
identité uniques.
L’évolution
technologique et la reconnaissance accrue de la langue des signes offrent des
perspectives prometteuses pour une inclusion sociale plus harmonieuse. Une
société inclusive doit valoriser la diversité de ses membres, en favorisant
l’accessibilité et en adoptant une approche qui valorise autant la langue des
signes que la culture sourde. En fin de compte, la surdité ne doit pas être
perçue comme un obstacle, mais comme une autre manière d’interagir et de
contribuer, tout en encourageant l'enrichissement mutuel et la pleine
participation de chacun.