Approches, interventions et stratégies pour accompagner les jeunes
Les problèmes de comportement des
enfants sont un vaste problème auxquels les enseignants spécialisés, la famille
et l'enseignant en général sont confrontés. Ils sont sous la forme de divers
comportements comme de l'agressivité, d'opposabilité, d'isolement, d'attitudes
antisociales ou de mal adaptation sociale répétitive. Ils ne résultent pas du
hasard mais de manière la plus fréquente d'un ensemble complexe de facteurs :
facteurs psychologiques (traumatismes, troubles affectifs), sociaux (milieu de
provenance familiale, cadre pédagogique), biologiques (troubles
neurodéveloppementaux, santé mentale), ou encore environnementaux.
En réponse à cette réalité, le rôle
de l'éducateur spécialisé devient central. Tout actuel médiateur entre
l'enfant, son milieu et l'institution, il accompagne ces jeunes en souffrance
dans la mise au point de réponses éducatives personnalisées. Ce qui implique
une activité de veille permanente avec des équipes pluridisciplinaires
(psychologues, enseignants, assistants sociaux, orthophonistes…) et un usage de
démarches diversifiées allant de l'intervention éducative et comportementale
aux techniques de médiation, en passant par des activités de socialisation et
de valorisation de l'estime de soi.
La principale vocation est manifeste
: faciliter au jeune une meilleure connaissance de lui-même et de ses
comportements, apprendre à les moduler, et trouver des solutions positives
d'intégration en harmonie dans son champ social et scolaire. L'article appelle
à faire le point sur les approches, stratégies et interventions pédagogiques
conduisant à une prise en charge efficace et humaine des troubles du
comportement, pour mettre en avant le rôle central de l'éducateur spécialisé
dans la dynamique d'inclusion et de réhabilitation.
1. Comprendre les troubles du comportement
Les troubles du comportement de
l'adolescence réunissent un ensemble de symptômes et de conduites troublantes
qui apparaissent depuis l'enfance ou l'adolescence. Ils se traduisent par des
difficultés à respecter les normes sociales, une opposition marquée ou encore
par des comportements impulsifs.
1.1 Les troubles les plus fréquents
Trouble oppositionnel avec provocation (TOP) : caractérisé par un comportement
permanent de défiance vis-à-vis de l'autorité, de provocations et tendance à se
contredire en matière de règles.
Trouble des conduites (TC) : manifeste par des conduites antisociales comme
agression, violence, vol ou destruction de biens.
Trouble déficit d'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) : en addition de l'agitation et de
l'inattention, ce trouble donne souvent lieu aux comportements perturbateurs et
impulsifs.
Les enfants et les adolescents
atteints de ces troubles nécessitent une aide spécifique pour mieux appréhender
et rationnaliser leurs comportements, renforcer leurs relations devenues
difficiles et réussir leur insertion scolaire.
2. Le premier rôle de l'éducateur spécialisé
Le spécialiste de l'éducation occupe
une place privilégiée dans l'accompagnement des adolescents présentant des
troubles du comportement. Il ne se contente pas de l'enseignement mais la revêt
également de continuité famille et acteurs éducatifs et médicaux.
2.1 Ses principales missions
Travailler en relation de confiance : instaurer un climat sécurisant dans
lequel se sentira acceptable de se faire reconnaître et d'être autorisé à
s'exprimer le jeune sans crainte ni énervement.
Observer et analyser les comportements : identifier les déclencheurs des
crises et comprendre le contexte qui accentue ou apaise les réactions
perturbatrices.
Intervenir auprès des familles : proposer aux parents des outils
pratiques pour mieux gérer les situations difficiles au quotidien et instaurer
une cohérence entre le cadre scolaire et familial.
En remplissant ce rôle de médiateur
et de coordinateur, l'éducateur donne la priorité à l'acquisition de
compétences sociales et émotionnelles, essentielles à une meilleure adaptation
du jeune.
3. Les approches comportementales
Les approches éducatives et
comportementales sont des outils inévitables pour accompagner correctement les
jeunes en difficulté. Elles se fondent sur la pensée selon laquelle les
comportements peuvent changer avec des stratégies appropriées et répétitives.
3.1 Exemples de méthodes efficaces
Le renforcement positif : valoriser et récompenser les comportements
appropriés (félicitations, encouragements, récompenses symboliques).
Le système de points : permettre au jeune d'accumuler des points en fonction de
ses réussites, qu'il pourra échanger contre des privilèges ou des activités
appréciées.
La gestion des émotions : apprendre au jeune à identifier, verbaliser et
réguler ses émotions à travers des techniques de relaxation, de respiration ou
de médiation.
Ces approches aident les jeunes à
comprendre le lien entre les émotions, les comportements et les conséquences
tout en améliorant leur capacité à adopter progressivement des attitudes
appropriées.
4.1. Mettre en place les habiletés
sociales déficitaires
Les adolescents ayant des troubles du
comportement sont souvent responsables d'hyper-contrôlés et qui ne respectent
pas les règles, qui ne se dirigent pas bien avec leurs pairs ou qui ne
connaissent pas bien la gestion de leurs émotions en public. Ces faiblesses
sociales peuvent provoquer l'exclusion, les conflits et un isolement croissant.
L'éducateur spécialisé a donc pour mission de passer à ces adolescents les
éléments de bases d'une communication saine et constructive, pour leur permettre
de se sentir pleinement impliqués dans l'école comme dans leur vie sociale.
4.2. Ateliers de travail et de
pratique
Pour atteindre cet objectif, des
exercices concrets et des situations sont créées :
Les jeux de rôle : le jeune est mis en situation devant des situations
imaginaires dans lesquelles il devra trouver les solutions positives d'un
conflit ou apprendre à vivre en binôme avec un coéquipier.
Les exercices de communication non violente : ces pratiques offrent la chance
d'apprendre à formuler ses besoins et ses émotions sans utiliser l'agressivité.
La résolution de conflits guidée : le professionnel met en œuvre des
techniques de base (écoute active, recherche de compromis, médiation) que le
jeune peut réappliquer dans son environnement quotidien.
Ces ateliers renforcent l'autonomie
sociale et donnent aux jeunes les instruments pour bâtir des relations plus
solides et durables.
5. Les interventions thérapeutiques
5.1. Les méthodes
cognitivo-comportementales
La thérapie cognitive-comportementale
(TCC) est certainement l'une des plus utiles pour accompagner les adolescents
en combat. Elle les aide à se rendre compte des liens entre leurs
comportements, leurs émotions et leurs pensées, et à élaborer des stratégies
pour réagir différemment. L'éducateur spécialisé, en collaboration avec un
psychologue, peut inscrire ces principes dans des ateliers ou des suivis
individuels.
5.2. Les médiations ludiques et
créatives
La thérapie par le jeu : principalement au bénéfice des enfants, elle permet d'exprimer
des émotions qu'ils ne parviennent pas à dire.
L'art-thérapie : peinture, musique, théâtre ou écriture créative deviennent
des moyens de libérer les tensions et d'explorer ses ressentis.
Ces approches complètent
l'accompagnement éducatif classique et offrent un espace de sécurité où le
jeune peut s'exprimer autrement que par des comportements perturbateurs.
6. La gestion des crises
6.1. Anticiper et désamorcer
La crise est une phase fragile et
inévitable. Les jeunes peuvent réagir agressivement face à la frustration ou à
l'échec. L'éducateur spécialisé doit donc être capable d'intervenir rapidement
avec des outils appropriés :
Techniques de désescalade : opter pour une tonalité calme, garder la posture
ouverte, suggérer des alternatives rassurantes.
Sûrs des lieux de retrait : un environnement paisible et aparté, ou le jeune
peut se ressourcer et retrouver son équilibre émotionnel.
6.2. Protocoles de sécurité
En situations extrêmes, il peut être
indispensable de mettre en œuvre des protocoles spécifiques pour empêcher le
jeune de compromettre sa propre sécurité ou celle des autres. Il convient
d'utiliser de telles mesures avec prudence, toujours par respect de la dignité
du jeune.
Un contrôle des crises réussi permet
de contrecarrer les ruptures scolaires et relationnelles, et d'ouvrir les
horizons à une évolution plus paisible.
7. La nécessité du travail d'équipe avec les familles
7.1. Des alliances solides pour
avance
Les parents ont un rôle crucial à
jouer dans l'accompagnement de leur enfant. Des sessions de conseil familial
sont organisées par des éducateurs spécialisés afin de partager les progrès,
d'analyser les difficultés vécues à la maison et de construire des solutions
personnalisées.
7.2. L'éducation parentale comme
levier
Il est parfois nécessaire de vêtir
les parents des mêmes comportements que l'on porte à l'école : renforcement
positif, gestion de la colère, instauration de routines. Il y a bien une
cohérence entre l'environnement familial et celui scolaire qui facilite une
évolution plus rapide et plus durable de l'enfant.
7.3. Un soutien moral indispensable
Accompagner un enfant en difficulté
n’est pas seulement un défi éducatif, c’est aussi un poids émotionnel pour les
familles. L’éducateur peut offrir une écoute bienveillante, un soutien moral et
orienter les parents vers des associations ou des ressources locales.
La collaboration parents-éducateurs
est une des seules solutions de réussite : elle crée une continuité éducative
qui permet au jeune de se sentir bien compris, soutenu et estimé à tous les
niveaux de sa vie.
Conclusion :
Cherché à l'affront des difficultés
de comportement chez les jeunes, l'expert en éducation apparaît comme un médiateur
indispensable, non seulement pour répondre aux situations d'urgence, mais
surtout pour mettre en place un suivi ferme et doux. Bénéficiant de dispositifs
comportementaux testés, de thérapies intervenante spécifiques et d'une gestion
de crise réflexive, il accompagne les jeunes à se construire une meilleure
maîtrise de leurs émotions, apprendre à les modérer, et transformer leurs
comportements gênants en opportunités de croissance.
Pour que ces interventions soient réellement efficaces, une approche globale est nécessaire. Cela implique non seulement le jeune, mais aussi sa famille, ses enseignants, ses professionnels de la santé mentale et parfois d'autres partenaires sociaux. En coordonnant leur travail, en faisant évoluer les stratégies pour s'adapter au contexte de vie de chaque élève, et en valorisant son potentiel, le professionnel spécialisé contribue non seulement à sa scolarisation et à sa socialisation, mais encore à son inclusion adulte à venir, personnelle et professionnelle. La tâche de l'éducateur ne se limite donc pas à corriger le grain ennuyant, mais à diriger chaque adolescent vers un épanouissement durable, afin qu'il vive pleinement en société.