L’agressivité infantile expliquée aux parents

Comprendre l’agressivité chez l’enfant : causes et solutions

Deux enfants en pleine dispute, l’un avec un regard agressif vers l’autre, illustrant les crises de colère, l’agressivité et la violence chez l’enfant.

Les crises de colère de l'enfant, le plus souvent secondées d'agressivité voire de violence, sont des situations difficiles auxquelles sont confrontés de très nombreux parents, éducateurs, professionnels. Ces attitudes ne sont jamais neutres : ils mettent en question les adultes dans leurs valeurs éducatives, testent leur patience et les invitent à réagir, parfois au dépit ou à la peur que cela crée. Cependant, il faut vouloir simplement faire disparaître une crise de colère ou punir un comportement désirable. Pour accompagner un enfant de manière efficace, il faut connaître le sens et les raisons profondes de ses comportements : frustration, incompréhension, besoins non déclarés, hypersensibilité, troubles neurodéveloppementaux (comme l'autisme ou le TDAH) ou contexte familial et scolaire.

En d’autres termes, une crise de colère n'est pas « une capricieuse » : c'est généralement un moyen d'expression émotionnelle dont l'enfant n'arrive pas encore à faire sans. Reconnaître cela, c'est le point de départ pour mettre en place des réponses éducatives visant à s'adapter, favoriser la réduction, et faire progresser l'enfant dans sa maîtrise des compétences sociales et émotionnelles..

Faire la différence entre colère, agressivité et violence

La colère et une émotion primaire, comme le son de la joie, le chagrin, la peur, le dégoût et la surprise. Elle un réaction affective spontanée et naturelle qui se traduit par des manifestations d’ordre neuro-végétatif comme par exemple la rougeur au visage, des battements cardiaques accélérés et même parfois, chez le très jeune enfant, par une perte de conscience appelé le spasme du sanglot. Se mettre en colère nous évite de refouler nos sentiments ou de la retourner contre soi, ce qui est typique de bien des adultes.

L’agressivité, est un comportement ou une attitude causée par la colère. Elle se caractérise entre autres choses par l’acte d’attaquer et se distingue de la violence et de la brutalité par son intention qui n’est pas de blesser ou de faire du mal à autrui. Chez l’enfant, le répertoire de réponses et limité. Il n’a pas encore la parole, ou bien un peu, et les zones de son cerveau en lien avec l’agressivité est une expression inadéquate de la colère, parce qu’elle nuit au bon climat à la maison, à la garderie ou à l’école. Si l’intention est bonne, les gestes demeurent choquants. Si nous comprenons bien ce qu’il s’agit, nous serons davantage capables de trouver des solutions et des alternatives avec l’enfant, selon son âge. A noté que toute agressivité n’est pas mauvaise en soi. Ne dit-on pas de quelqu’un qui va de l’avant, qui ne fuit pas les difficultés ou qui ne refuse pas le combat qu’il est agressif ?

Le comportement agressif, se manifeste généralement suite à une frustration externe. Par exemple, l’enfant est empêché de poser un geste ou d’atteindre un but. Il peut s’agir aussi d’une frustration interne : il désir faire quelque chose, mais il n’a pas les habilités et réalise son impuissance. Il peut également vivre une frustration en raison de son état de santé, d’une douleur…

Nous verrons ailleurs que nous n’avons pas à retirer tout frustration de l’environnement de l’enfant, ni à tout interdire.  L’autonomie des enfants se gagne par un certain contrôle sur son univers, mais aussi par le contrôle sur soi.

Pour en revenir à l’agressivité, elle peut revêtir plusieurs formes. Souvent, elle est active, franche, directe. Par exemple, lancer un objet, frapper un autre un autre enfant ou son parent, détruire, etc. Elle peut aussi être passive : cette forme moins bruyante est souvent pire et plus dommageable, et pour l’enfant, et pour la communication : l’agressivité peut aussi s’exprimer de façon différée dans le temps (une frustration vécue à la garderie exprimée à la maison) et déplacée sur un autre individu ou un autre objet que celui concerné. Par exemple, avoir de mauvaises notes à l’école, commettre des actes vandalisme, être cruel envers les animaux, frapper un plus jeune, etc. Ila arrive que l’agressivité doit refoulée, réprimée. Dans ce cas, elle trouve un autre canal pour s’exprimer. Elle peut par exemple être une composante de problèmes comme l’énurésie nocturne ou l’encoprésie. Chez l’adulte, elle est sous-jacente à beaucoup de maladie psychosomatique.

Comprendre l’agressivité n’est pas le fait de la méchanceté, l’intention, comme nous l’avons mentionné, n’étant pas mauvaise, ne signifie nullement que l’on doive tout accepter. Mais pour pouvoir cibler notre intervention, il importe tout d’abord de connaître les causes.

Les causes de crises de colère et de l’agressivité :
L'agressivité chez l'enfant
L'agressivité chez l'enfant

Certaines causes inhérentes à l’âge neurologique de l’enfant ou de son hérédité. Il y a certaines évidences qu’il faut accepter et nous ne pourrons rien y changer. Tout au plus sera-t-il possible de canaliser cette propension à la colère ou à l’agressivité et d’offrir un milieu favorable, plutôt que d’essayer de changer notre enfant. D’autres causes, par contre, pourrons être modifiées par une meilleure prévention et de meilleures interventions.

v Ce qui ne peut être changé :

En tout premier lieu, parlons du développement du cerveau d’un nouveau-né dont le volume et de 25% de celui de l’adulte. Beaucoup de connexion neuronales sont encore à faire et tout contrôle moteur et quasi absent. A deux ans, le cerveau atteint 80% de celui de l’adulte et il faudra attendre la dernière étape de développement cognitif, à l’adolescence, pour que le cortex zone du contrôle de soi, du contrôle des émotions, de la pensée, du jugement et de la résolution de problèmes complexe. Ce sont là les dernières étapes de soule sur le plan cognitif. Au tout début, comme nous le découvrons, l’enfant réagit un peu comme un petit animal. Il réfléchit peu, sa pensée est immédiate, il est émergé dans le moment présent, dans l’ici-et-maintenant, il ne connaît rien de nos conventions. Se fâcher et le seul moyen qu’il a de nous communiquer ses sensations qu’il est bien incapable lui-même de comprendre. Chez l’adulte, l’expression de la colère par les cris et les crises est contestable, puisqu’en principe il connaît d’autre moyens de s’exprimer, par la parole entre autres, résultante de la réflexion, du jugement. Chez l’enfant, le contrôle est si peu présent qu’il peut aller jusqu’à perdre conscience de colère. D’ailleurs, voyant l’effet de panique que cela déclenche de son parent, il peut avoir recours à ce moyen jusqu’à ce que, finalement, sa maturation neuronale rendre la chose impossible, soit vers l’âge de 3-4ans. Ce qui devrait nous amener à prendre conscience qu’une mauvaise réponse parentale aux comportements agressifs peut tout à fait créer un enfant impossible et colérique.

Certaines étapes de développement sont aussi davantage associées à la rébellion et propices aux crises de colère. Qu’il suffise de penser à la phase du Non (l’enfant de 18 mois et 3 ans) parfois qualifiée de première adolescence, à la puberté alors que le cocktail hormonal se révèle explosif à l’occasion, période d’affirmation s’il en est.

Il convient de souligner aussi les différences associées au sexe de l’enfant. Dès le jeune âge, les garçons recherchent davantage l’attention de façon négative et ces différences comportements persistent avec l’âge. Si l’agressivité se manifeste, elle sera également anti-sociale. Les garçons frappent plus que les filles qui démontrent une agressivité pro-sociale, c’est-à-dire verbale, et qui ressentent plus de culpabilité. Ces différences persistent avec l’âge, dans les cultures distinctes et ce malgré des méthodes éducatives différentes. Bien que la recherche ne puisse hors de toute en donner la cause ultime, elle trouve cependant une forte corrélation avec le niveau d’activité physique plus élevé chez les garçons. Etant plus actifs que les filles, ils sont donc plus susceptibles d’exprimer physiquement leur agressivité.

v Ce qu’on pourra modifier :

-        Les frustrations : Elles sont l’expression d’un déplaisir. Quotidiennement, les règles régissant la vie sociale peuvent frustrer l’enfant qui ne les connaît pas encore. Les douleurs physiques, les inconforts et les besoins sont aussi, au début de la vie, des causes de frustrations.

-        Les exigences parentales trop grandes et irréaliste : le niveau de stimulation, à la maison comme ailleurs, peut-être trop élevé –trop de bruit, trop de jeux, trop d’activation de la part des adultes. L’autorité des parents est peut-être trop forte, de même de le laisser-faire chez d’autres. La surprotection ou le rejet sont des sources non négligeables d’anxiété chez les enfants et des déclencheurs potentiels d’attitudes agressive et de colère. Des événements hors du contrôle des enfants, comme le divorce, la séparation, la famille recomposée, font aussi souvent partie du tableau.

-        L’apprentissage : les enfants peuvent apprendre à faire des colères ou à être agressifs si leurs attitudes ou comportements sont récompensées par les adultes. A chaque fois qu’un enfant obtient ce qu’il veut en faisant une crise ou en argumentant sans fin, il est renforcé dans ces façons de faire et ces comportements peuvent éventuellement faire partie de son répertoire de réponses, même à l’âge adulte.

-        Les modèles : l’agressivité, tout comme la violence, s’apprend aussi par modélisation. Comme exiger d’un enfant qu’il se calme, alors que le parent a perdu tout contrôle sur la situation. La télévision, les jeux vidéo, le sport sont autant de possibilités d’offrir aux enfants des modèles agressifs attirants qui les désensibilisent à la longue, même si qu’ils ne sont que virtuels.

 

📘 L'agressivité dans la petite enfance

Auteurs : Yadysleydys Iglesias Cancio, Estrella de las M. Navarro Otero, Noel López Viamontes

Un ouvrage de recherche appliquée qui analyse les comportements agressifs chez les enfants d’âge préscolaire et propose un système d’actions structuré pour les réduire.

  • Analyse des causes éducatives et familiales de l’agressivité
  • Méthodes empiriques : observations, entretiens, dessins
  • Propositions concrètes d’activités et recommandations pratiques

✅ Un livre précieux pour les éducateurs spécialisés, enseignants et parents qui souhaitent comprendre et agir face aux comportements agressifs dès la petite enfance.

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Pour en savoir plus…

Les troubles de comportement chez l’enfant : Dr J.MALKA, Pr P. DUVERGER

L’agressivité, comment intervenir ?  https://www.educatout.com/edu-conseils/strategie-apprentissages/l-agressivite-comment-intervenir.htm

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