Déficience intellectuelle : Évolution de la terminologie et impact sociétal
Au fil du temps, la manière de désigner la déficience
intellectuelle a considérablement évolué, reflétant non seulement des
avancées scientifiques, mais également des changements dans les perceptions
sociales. Des termes tels que "idiotie", "imbécillité" ou
encore "retard mental" ont laissé place à des expressions plus
respectueuses et neutres, comme "déficience intellectuelle" ou
"trouble du développement intellectuel". Cette transition
linguistique ne se limite pas à un choix de vocabulaire : elle illustre une
transformation profonde des attitudes envers les personnes concernées, mettant
l’accent sur la reconnaissance de leur dignité et de leur potentiel.
Dans cet article, nous explorerons l'évolution des
termes associés à la déficience intellectuelle, leur influence sur la
perception sociale, et les implications pour l’inclusion et les droits des
personnes présentant ces troubles.
Évolution des termes : de la
stigmatisation à la reconnaissance
Historiquement, des termes comme "débile" ou
"arriération mentale" étaient utilisés dans les milieux médicaux et
éducatifs. Cependant, leur utilisation dans le langage courant a souvent
conduit à une stigmatisation des personnes concernées. Aujourd’hui, ces
expressions sont considérées comme offensantes et ont été remplacées par des
termes plus inclusifs.
Les mots "déficience intellectuelle" et "trouble du
développement intellectuel" sont désormais privilégiés dans les
classifications internationales, telles que la CIM-11 (Classification
Internationale des Maladies) et le DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique
des troubles mentaux). Ces termes permettent de décrire de manière précise les déficits
cognitifs et les limitations du comportement adaptatif, tout en
évitant les connotations négatives associées aux anciennes terminologies.
Pourquoi le
terme "déficience intellectuelle" est-il privilégié ?
Dans la littérature médicale, éducative et
psychologique, le terme "déficience intellectuelle" est largement
utilisé pour les raisons suivantes :
1. Neutralité : Il évite les connotations péjoratives tout en
restant descriptif.
2. Clarté : Il met en avant les limitations des fonctions cognitives et du
comportement adaptatif, essentielles au diagnostic.
3. Respect de la personne : L’utilisation de l’expression "personne ayant
une déficience intellectuelle" place l’individu avant son handicap,
soulignant son potentiel et ses capacités.
Par ailleurs, le terme "trouble du développement
intellectuel", adopté par la CIM-11, met davantage l’accent sur l’aspect
développemental de la condition, soulignant que ces troubles apparaissent dès
l’enfance ou l’adolescence.
Définitions selon les
classifications officielles
CIM-10 et
CIM-11
La CIM-10 utilisait le terme "retard
mental", décrit comme un arrêt ou un développement incomplet des fonctions
mentales, affectant les capacités cognitives, sociales et motrices. Cependant,
cette terminologie a été remplacée dans la CIM-11 par "trouble du
développement intellectuel", qui :
- Met
l’accent sur les difficultés cognitives et d’apprentissage ;
- Souligne
les limitations sociales, pratiques et comportementales ;
- Introduit
une approche plus globale et développementale du diagnostic.
DSM-5
Le DSM-5 utilise le terme "déficience
intellectuelle", équivalent à "trouble du développement
intellectuel", et repose sur trois critères diagnostiques majeurs :
1. Déficits des fonctions intellectuelles : Raisonnement, résolution de
problèmes, planification, apprentissage académique, etc.
2. Déficits du fonctionnement adaptatif : Difficulté à répondre aux
exigences socioculturelles et à mener une vie autonome.
3. Apparition des troubles dans la période développementale : Avant l’âge
adulte, généralement durant l’enfance.
Impact de la terminologie sur la
perception sociale
Le choix des mots pour désigner la déficience
intellectuelle joue un rôle essentiel dans la perception sociale des personnes
concernées. Les termes stigmatisants du passé contribuaient à marginaliser ces
individus, tandis que des expressions plus respectueuses, comme
"déficience intellectuelle", encouragent une approche inclusive et
humaine.
Avantages des termes actuels
1. Respect des droits humains : Ils reflètent une reconnaissance
de la dignité et du potentiel des personnes concernées.
2. Approche centrée sur la personne : En mettant l’accent sur les
individus plutôt que sur leurs limitations, ils favorisent une meilleure
inclusion.
3. Harmonisation internationale : L’utilisation de terminologies
uniformes dans les classifications médicales facilite la communication entre
professionnels et garantit un meilleur accès aux services de soutien.
Terminologie et inclusion : un enjeu
sociétal
Au-delà de leur utilisation scientifique et médicale,
les termes comme "déficience intellectuelle" influencent également
les politiques d’inclusion. Les organisations internationales, comme l’OMS ou
l’ONU, insistent sur l’importance d’une terminologie respectueuse pour
promouvoir les droits des personnes handicapées.
Des initiatives locales et internationales ont
contribué à faire évoluer les mentalités, mettant en avant les capacités des
personnes présentant une déficience intellectuelle et leur potentiel à
participer activement à la vie sociale, scolaire et professionnelle.
Vers une terminologie plus précise
et inclusive
Avec l’introduction du terme "trouble du
développement intellectuel" dans la CIM-11, l’accent est désormais mis sur
les aspects développementaux et adaptatifs des troubles. Cette évolution
témoigne d’une volonté de mieux comprendre et soutenir les personnes
concernées, tout en évitant la stigmatisation.
Conclusion
L’évolution de la terminologie liée à la déficience
intellectuelle reflète des progrès significatifs dans la compréhension
scientifique et sociale de cette condition. En adoptant des termes comme
"déficience intellectuelle" ou "trouble du développement
intellectuel", nous participons à la construction d’une société plus
inclusive, où chaque individu est reconnu pour son potentiel et ses droits.
Les mots que nous choisissons ne sont pas anodins :
ils façonnent les perceptions, influencent les politiques publiques et
déterminent la manière dont les personnes en situation de handicap sont
traitées. En optant pour une terminologie respectueuse et inclusive, nous contribuons
à créer un environnement où chacun a la possibilité de s’épanouir pleinement.